Pierre Brossolette

Pierre Brossolette
1903 - 1944

Pierre Brossolette naît à Paris le 25 juin 1903 dans une famille d’enseignants républicains. Scolarisé au prestigieux lycée Louis le Grand, il entre à l’École normale supérieure en 1922 et obtient l’agrégation d’histoire en 1925. Il entame une carrière de journaliste et parvient à s’imposer comme un spécialiste de la politique internationale.

Hostile au nazisme et clairvoyant sur les politiques extérieures allemande et italienne, il lui faudra cependant dix ans pour renoncer à l’idéalisme d’Aristide Briand. Profondément anti-munichois, Pierre Brossolette se fait le chantre de l’esprit de résistance. Franc-maçon, membre de la Ligue des droits de l’homme et de la Ligue internationale contre l’antisémitisme, il devient militant socialiste en 1930 et travaille activement à la tête de la fédération de l’Aube jusqu’en 1939.

Mobilisé le 23 août 1939 en tant que lieutenant au 5ème Régiment d’infanterie, il est promu capitaine en mars 1940 et honoré de la Croix de Guerre pour son comportement lors de la débâcle. Démobilisé en août 1940, le gouvernement de Vichy refuse son intégration au corps enseignant pour ses convictions antifascistes. Il achète alors une librairie qui lui servira de couverture pour ses activités clandestines.

En 1941, il rejoint le groupe du Musée de l’Homme puis entre en liaison avec le Comité d’action socialiste et Libération-Nord. En novembre 1941, Pierre Brossolette devient le chef de la section presse et propagande de la Confrérie Notre-Dame du Colonel Rémy. Dans ce cadre, il rédige à la France libre plusieurs rapports sur l’opinion française et les prémices de la Résistance intérieure. Il relie Londres à l’Organisation civile et militaire (OMC) et noue des liens étroits avec les grands mouvements de la Résistance intérieure, Combat et Libération-Sud.

Impressionné par la qualité de ses rapports, de Gaulle le fait venir à Londres en avril 1942. Il devient l’adjoint de Passy au Bureau central de renseignements et d’action (BCRA) et entre dans le sacro-saint cercle des forces gaullistes. Il gardera cependant sa lucidité sur l’homme du 18 juin : « il y a des sujets pour lesquels vous ne tolérez aucune contradiction, aucun débat » lui reprochera Pierre Brossolette dans une lettre du 2 novembre 1942.

De juin 1942 à mars 1944, Pierre Brossolette effectue trois missions clandestines en France. Parachuté une première fois le 4 juin 1942 à Chalon-sur-Saône, il parvient à faire évader les résistants André Philip et Louis Vallon et convainc le député Charles Vallin de rallier la France libre. Ils gagnent la Grande-Bretagne le 14 septembre 1942. Pierre Brossolette retourne en France le 27 janvier 1943 pour coordonner l’action civile de la Résistance en zone occupée. De retour à Londres le 16 avril 1943, il remplace à de nombreuses reprises Maurice Schumann au micro de la BBC pour  rendre de vibrants hommages aux héros de l’ombre, les soutiers de la Résistance. Il dénonce inlassablement la collaboration et appelle à l’union des combattants derrière de Gaulle. Prétendant malheureux à la succession de Jean Moulin, Pierre Brossolette retourne une dernière fois en France le 19 septembre 1943 installer le nouveau délégué général du Comité français de libération nationale (CFLN), Émile Bollaert. Malgré la chasse à l’homme organisée par la Gestapo et les nombreuses arrestations qui en découlent, Pierre Brossolette s’efforce de panser les plaies et de reconstruire la Résistance.

Rappelé à Londres en même temps que Bollaert, il refuse de partir en novembre 1943 puis échoue par deux fois, en décembre 1943 et janvier 1944. La tentative du 3 février par la mer est un nouvel échec. Bollaert et Brossolette sont arrêtés ce même jour à la suite d’un contrôle de routine. Pierre Brossolette est incarcéré à Rennes le 5 févier et écroué sous le nom de Boutet. Le 16 mars, sa véritable identité est révélée. Interrogé par la Gestapo à Rennes le 19, il est transféré le soir même au siège à Paris. Malgré la torture, il ne parle pas. Le 22 mars 1944, il profite d’un moment d’inattention des gardiens pour se jeter par la fenêtre du cinquième étage. Grièvement blessé, il mourra quelques heures plus tard à l’Hôpital de la Pitié. Il n’aura livré ni ses compagnons ni ses secrets.

Pierre Brossolette était Chevalier de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre 1939-1945, médaillé de la Résistance avec rosette et Compagnon de la Libération.

« Je n’ai connu que deux hommes qui savaient ce qu’était l’Histoire: de Gaulle et Brossolette », dira Passy, ancien chef du BCRA. Pionnier de la Résistance et principal artisan de son unification, Pierre Brossolette aura préféré se suicider plutôt que de livrer ses compagnons de fortune. Cet authentique héros de la Résistance a sacrifié sa vie pour la liberté et l’honneur de son pays. Pierre Brossolette représentait la réflexion et l’action, la loyauté, la dignité  et l’espoir en l’avenir. Il détenait une force morale qui n’a pu être brisée par les Allemands, même au moyen de la torture.

Sa bouche s’est tue
Son exemple nous parle
Son sacrifice nous commande*

(* inscriptions sur sa pierre tombale)


Document Pierre Brossolette, la Résistance. 5 parties :

(pas de vidéo ina sur sa vie)


(Texte de Margaux MIGNARD)