Jean-Pierre Mignard

« Le diffuseur de fausse nouvelle ne doit plus pouvoir se terrer derrière son écran »

Emmanuel Macron a annoncé mercredi qu’un texte de loi sera déposé prochainement pour lutter contre les « fake news » sur internet en période électorale. Une décision qui a suscité de nombreuses interrogations tant chez les juristes qu’auprès des journalistes et de l’opposition. Inscrit au barreau de Paris depuis 1974, l’avocat Jean-Pierre Mignard, proche de François Hollande et soutien d’Emmanuel Macron lors de la dernière campagne présidentielle, est un spécialiste reconnu du droit de la presse et de la communication. Il analyse la nécessité d’une telle loi, explique les failles actuelles qu’elle devra combler, esquisse des pistes d’application tout en fixant des limites à ne pas franchir pour garantir la liberté de la presse.

Une loi pour « réagir vite » contre une fausse nouvelle », Il faut que cette loi identifie l’intérêt social protégé : la Nation, l’Etat, les institutions, et leur bon fonctionnement pour éviter les phénomènes de désordre et de panique », résume-t-il tout d’abord, se disant favorable à un tel texte s’il « permet de réagir vite ». « A mon sens, cette loi ne devrait pas se limiter à la période électorale », ajoute-t-il. Pour l’avocat, « toute personne prenant connaissance » d’une fausse information devra pouvoir la signaler : « La justice devra mettre en place des moyens pour répondre rapidement et efficacement aux demandes. » « Le diffuseur de fausse nouvelle ne doit plus pouvoir se terrer derrière son écran », ajoute-t-il.

Jean-Pierre Mignard insiste également sur la nécessité de rendre publiques toutes les décisions prises par la justice pour ne pas alimenter le complotisme. « Comptons sur les journalistes pour contribuer à informer l’opinion sur ces fausses nouvelles, décortiquer les procédures d’interruption et d’une certaine manière, les valider », avance-t-il. Il estime, en outre, que l’éducation à l’information est essentielle : « L’école doit être un lieu de formation du jugement […] Il faut dire aux plus jeunes qu’ils ont deux grands protecteurs dans une société démocratique : les juges et les journalistes. »

Retrouvez l’interview en integralité dans le Journal du dimanche – Edition du 7 janvier 2018