Christian de Chergé

Christian de Chergé
1937 - 1996

Charles-Marie-Christian de Chergé naît le 18 janvier 1937 à Colmar (Haut-Rhin), dans une famille de militaires. Il passe une partie de son enfance en Algérie où son père est commandant au 67e régiment d’artillerie d’Afrique. De retour à Paris en 1947, il effectue, à l’école Sainte-Marie, une scolarité exemplaire jusqu’à l’obtention de son baccalauréat en 1954. Deux ans plus tard, il entre au séminaire universitaire de l’Institut catholique de Paris pour devenir prêtre.

Christian de Chergé retourne en Algérie en tant que jeune officier. Piégé dans une embuscade, il a la vie sauve grâce à l’intervention d’un garde champêtre musulman, retrouvé assassiné le jour suivant. Cet événement marquera à vie Christian de Chergé. Il aura ces mots : dans le sang de cet ami, j’ai su que mon appel à suivre le Christ devrait trouver à se vivre, tôt ou tard, dans le pays même où m’avait été donné le gage de l’amour le plus grand.

En 1964, Christian de Chergé est ordonné prêtre en l’Église Saint-Sulpice de Paris. Il choisit d’entrer au monastère de Tibhirine en Algérie, où il arrive en 1971 après un noviciat à l’abbaye d’Aiguebelle dans la Drôme. Ouvert et tolérant, il étudie la langue arabe et l’Islam à l’Institut pontifical d’études arabes et d’islamologie de Rome, de 1972 à 1974.

En tant que supérieur de la communauté de Tibhirine, il s’attache à encourager le dialogue islamo-chrétien. En 1979, Christian de Chergé fonde en ce sens avec des musulmans un groupe de prière, le lien de paix, pour développer une solidarité spirituelle entre les deux religions.

Les moines de Tibhirine s’accordent à rester en Algérie malgré la montée du terrorisme et la victoire du front islamique aux élections de 1991. Le 24 décembre 1993, un groupe armé entre dans le monastère quelque jours après l’assassinat de douze croates. Il menace les moines et exige de leur part une collaboration médicale et financière. Les moines refusent. Conscient du danger, Christian de Chergé rédigera son testament dans la nuit.

Trois ans plus tard, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, une vingtaine d’hommes armés fait irruption dans le monastère et enlève sept moines. Le groupe islamique armé (GIA) revendique ce rapt et annonce deux mois après leur exécution le 21 mai.

Le film « Des hommes et des dieux » réalisé par Xavier Beauvois en 2010 s’inspire de la vie des moines de Tibhirine assassinés. Lambert Wilson interprète le rôle de Père Christian de Chergé.

Pressentant un enlèvement, Christian de Chergé avait rédigé une lettre à sa famille, rendue publique le 29 mai 1996, dans laquelle il expliquait sa foi et son attachement à l’Algérie. En voici un extrait : « s’il m’arrivait un jour – et ça pourrait être aujourd’hui – d’être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j’aimerais que ma communauté, mon Église, ma famille, se souviennent que ma vie était donnée à Dieu et à ce pays. Ma vie n’a pas plus de prix qu’une autre. Elle n’en a pas moins non plus. En tout cas, elle n’a pas l’innocence de l’enfance. J’aimerais, le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout cœur à qui m’aurait atteint ».

Victime de l’intolérance et de la haine, Christian de Chergé a consacré sa vie au rapprochement des religions dans un message de vie et de paix. Cet homme d’Église n’a jamais cédé aux menaces terroristes et a payé de sa vie la foi qu’il avait en la coexistence pacifique des peuples et des religions.


Liens vidéos  :


(Texte de Margaux MIGNARD)