Fernand Braudel

Fernand Braudel
1902 - 1985

Fernand Braudel est l’un des représentants les plus illustres de l’École des Annales. Né le 24 août 1902 à Luméville-en-Ornois (Meuse), d’un père professeur, il reçoit une éducation classique au lycée Voltaire. Le jeune Braudel prend très tôt conscience du poids de l’Histoire dans cette région frontalière, théâtre des combats franco-allemands.

Après la guerre, il part à Paris étudier l’histoire à la Sorbonne. En 1923, il est reçu à l’agrégation d’histoire et est nommé l’année suivante professeur à Constantine puis à Alger. Il occupera cette fonction jusqu’en 1932, date à laquelle il revient enseigner à Paris, dans les prestigieux lycées Pasteur, Condorcet et Henri IV. En 1935, il est intégré dans la mission française d’enseignement au Brésil, à Sao Paulo, jusqu’en 1936. L’année suivante, Fernand Braudel intègre l’École pratique des Hautes Études en tant que directeur de la section philosophie de l’histoire et devient le disciple de Lucien Febvre, co-fondateur de l’École des Annales.

Fernand Braudel reste marqué par son expérience algérienne et choisit la Méditerranée comme objet d’étude. La menace d’une nouvelle guerre face à l’Allemagne entraîne la mobilisation de Braudel dès 1938. Constitué prisonnier durant la débâcle française, il est détenu en Allemagne jusqu’en 1945. Il parviendra toutefois à rédiger une grande partie de sa thèse durant sa captivité.

L’influence des géographes explique ce choix audacieux qu’est de prendre un espace pour sujet de thèse : La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II soutenue en 1947 et publiée deux ans plus tard bouleverse la façon d’écrire l’Histoire. Elle est unanimement reconnue comme une œuvre majeure de l’historiographie du XXème siècle. Après la Libération, il succède à Lucien Febvre à la direction des Annales et occupera ce poste jusqu’en 1968. Il fonde en 1949 le Centre de recherche historique et occupe la chaire d’histoire de la civilisation moderne au Collège de France.

Fernand Braudel est aussi à l’origine de l’École des Hautes Études en Sciences sociales (EHESS), fondée en 1975 à partir de la VIₑ section (sciences économiques et sociales) de l’École pratique des Hautes Études. Ses recherches modifieront profondément la réflexion sur les sociétés dans la deuxième moitié du XXème siècle en France.

En 1979, Fernand Braudel publie sa seconde œuvre majeure, Civilisation matérielle, économie et capitalisme 15e siècle – 18e siècle en trois volumes. Le premier tome, Les structures du quotidien (1967) étudie la vie matérielle et la démographie, le second, Les jeux et les échanges (1977) analyse l’activité économique et le dernier, Le temps du monde (1979), apporte une réflexion sur le temps et l’espace. Cette deuxième étude retrace l’histoire du monde sur quatre siècles. En privilégiant les aspects économiques et sociaux au détriment des faits politiques, Fernand Braudel condamne vigoureusement l’histoire événementielle et s’inscrit à contre-courant des historiens de son époque.

Élu à l’Académie française en 1984, il se lance dans une entreprise colossale, la rédaction d’une histoire nationale, L’identité de la France dont paraîtront, à titre posthume, les trois premiers volumes.

Fernand Braudel s’est éteint le 28 novembre 1985 à l’âge de 83 ans. Il  était le correspondant de nombreuses académies étrangères (Budapest, Munich, Madrid et Belgrade) et était Docteur honoris causa de plusieurs Universités (Oxford, Bruxelles, Madrid, Varsovie, Cambridge, Yale, Genève, Padoue, Leyde, Montréal, Cologne et Chicago). Il avait été fait commandeur de la Légion d’honneur.

L’œuvre de cet homme épris de liberté d’esprit a très largement contribué à structurer le champ des sciences sociales. Convaincu de l’interdisciplinarité de celles-ci, le pape de la nouvelle histoire a bouleversé les conceptions de l’époque pour penser une vision globale de l’Histoire. Controversée ou encensée, mais toujours reprise par ses successeurs, son œuvre reste une des plus belles à avoir associé toutes les sciences sociales et trouve plus que jamais un écho considérable au XXIème siècle.


Vidéo ina :


(Texte de Margaux MIGNARD)