Gabriel Péri

Gabriel Péri
1902 - 1941

Gabriel Péri naît le 9 février 1902 à Toulon dans une famille modeste. La Grande Guerre le marque profondément. Âgé seulement de douze ans, il décide de fonder un journal pour récolter des fonds au profit des soldats blessés. Après de brillantes et prometteuses études secondaires, le jeune Gabriel Péri renonce à préparer le concours de l’École normale supérieure pour gagner sa vie. La guerre et la Révolution russe de 1917 expliquent son engagement très précoce en politique.

Dès 1917, alors âgé de quinze ans, il adhère aux Jeunesses socialistes puis à la IIIe internationale et devient le secrétaire régional des Jeunesses communistes (JC). Un an plus tard, le jeune Gabriel est remarqué par la direction du Parti communiste. A seulement vingt-ans, il dirige la Fédération nationale des JC et son journal, l’Avant-garde. Deux ans plus tard, Gabriel Péri rejoint Paris pour prendre en charge la rubrique internationale de l’Humanité, fonction qu’il occupera jusqu’à l’interdiction du journal, le 25 août 1939. Durant ces années, il dénoncera au moyen d’une plume aiguisée le régime du IIIe Reich et l’Italie mussolinienne. Élu député d’Argenteuil sous l’étiquette communiste en 1932 puis réélu en 1936, il parvient à s’imposer dans l’hémicycle comme un spécialiste des relations internationales. Il prendra la parole pour pourfendre les totalitarismes, s’insurger contre la non-intervention en Espagne et dénoncer les accords de Munich. Sa qualité d’écriture, sa lucidité politique et ses qualités journalistiques sont reconnues de tous.

Son esprit libre et anticonformiste lui vaut des rapports conflictuels avec certains dirigeants du Parti, mais un prestige considérable auprès de la base militante, acquise à ses thèses antifascistes. Déconcerté par la signature du Pacte germano-soviétique le 23 août 1939, Gabriel Péri refuse de se désolidariser de son parti mais prend conscience du fossé qui se creuse chaque jour un peu plus : la thèse de la guerre impérialiste reprise à partir du 1er octobre 1940 participe à la détérioration de ses rapports avec la direction. S’il reste fidèle au PCF, il éprouve toutes les difficultés à accepter cette ligne qui heurte sensiblement ses convictions patriotiques et antifascistes.

Durant la drôle de guerre, Gabriel Péri participe activement à la rédaction de l’Humanité clandestine. Il est l’un des rares dirigeants du Parti à rester à Paris alors que l’armée allemande défile sur les Champs-Elysées. Refusant la dissolution des partis par Vichy, il participe, dès l’été 1940, à la reconstruction clandestine du PCF. Il écrit notamment la brochure « Non le nazisme n’est pas le socialisme ». Gabriel Péri est condamné par contumace aux côtés d’autres camarades.

Arrêté en mai 1941 dans des circonstances troubles, Gabriel Péri est condamné par défaut à cinq ans de privation de droits civiques et cinq ans de prison par le tribunal militaire de Paris pour « avoir participé à la constitution du groupe ouvrier et paysan français et avoir propagé des mots d’ordre de la IIIe Internationale ». Il est aussitôt interné à la prison de la Santé. Quelques mois plus tard, Gabriel Péri est transféré à la prison du Cherche-Midi, placée sous contrôle allemand. Les attentats menés par les communistes depuis l’entrée en guerre de l’Union soviétique incitent les Allemands à utiliser des otages en représailles. Le nom de Gabriel Péri figure parmi cette liste. Il est fusillé le 15 décembre 1941 au Mont-Valérien avec quatre-vingt-onze autres camarades. Glorifié par Aragon, Gabriel Péri devient après guerre un mythe de la résistance à l’occupant :

Dans le cimetière d’Ivry
Sous la terre d’indifférence
Il bat encore pour la France
Le cœur de Gabriel Péri *

La vie de cet intellectuel brillant et engagé était guidée par le souci des autres et le refus des injustices. A travers sa plume affûtée, Gabriel Péri n’a cessé de défendre la paix, la justice sociale et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il a porté de la manière la plus digne qui soit les valeurs humanistes et de résistance jusqu’à le payer de sa vie.

Péri est mort pour ce qui nous fait vivre Tutoyons-le sa poitrine est trouée Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux Tutoyons-nous son espoir est vivant. **

* Hommage de Louis Aragon à Gabriel Péri : pcf-paris14.over-blog.org
** Paul Eluard, Gabriel Péri


lien vidéo :

  • je n’ai trouvé qu’une seule vidéo, très courte, intitulée Les derniers mots de Gabriel Péri : www.ina.fr
  • Il est juste cité dans cette courte vidéo : www.ina.fr

(Texte de Margaux MIGNARD)