Geneviève de Gaulle

Geneviève de Gaulle
1920 - 2002

Fille de Xavier, frère aîné de Charles, Geneviève de Gaulle naît le 25 octobre 1920 à Saint-Jean-de-Valeriscle (Gard). Elle connaît très tôt la solitude avec les décès rapprochés de sa mère et d’une de ses sœurs. Elle part vivre dans la Sarre où son père y exerce le métier d’ingénieur. Geneviève de Gaulle n’a que quatorze ans lorsqu’elle lit Mein Kampf et découvre les dangers que représentent Hitler et le III Reich pour la liberté. En 1935, la famille de Gaulle quitte la Sarre devenue allemande pour Rennes. En 1938, la jeune fille est, comme le reste de sa famille, profondément antimunichoise. Elle obtient son baccalauréat cette même année et s’inscrit en histoire à la Faculté de Rennes.

Le 2 octobre 1939, son père est mobilisé et affecté à Coëtquidan en tant que capitaine. Il loue alors un logement à Paimpont pour sa mère et ses enfants. Le 17 juin 1940, la demande d’armistice du Maréchal Pétain révolte Geneviève de Gaulle au plus profond. Le lendemain, alors qu’elle se rend à  Coëtquidan avec sa grand-mère, un prête lui apprend qu’un jeune général a appelé à poursuivre la lutte. Cet homme exilé à Londres n’est autre que son oncle. Le lendemain, Xavier de Gaulle et ses hommes sont faits prisonniers. Geneviève retrouve sa famille à Paimpont où sa grand-mère décédera le 16 juillet, dans ses bras.

La première année d’occupation est pour Geneviève l’occasion de réaliser des gestes symboliques de résistance, ébauche de ce qui sera son engagement dans les années futures. Elle déchire les affiches de l’occupant, dessine des croix de Lorraine et arrache une bannière nazie. A l’automne 1941, alors  étudiante à la Sorbonne, Geneviève de Gaulle, aidée par sa tante Madeleine, rejoint le groupe du Musée de l’Homme. Durant les mois qui suivent, le jeune femme diffuse clandestinement la photo du chef de la France libre, distribue des tracts, effectue des missions de renseignement et transporte du courrier en Espagne. Au printemps 1943, elle prend le nom de Gallia et entre à Défense de la France, mouvement créé par un groupe d’étudiants parisiens. Membre du comité directeur, elle est en charge de la diffusion du journal. Elle a un rôle déterminant dans l’adhésion au gaullisme du fondateur du groupe, Philippe Viannay. Défense de la France éditera en juin et juillet 1943 ses portraits du chef de la France libre.

Dénoncée, elle est arrêtée le 20 juillet 1943 en possession de papiers compromettants puis déportée à Ravensbrück le 31 janvier 1944 dans le même convoi que la mère de Germaine Tillion. Son nom ne lui épargne aucune souffrance. Entre octobre 1944 et février 1945, Geneviève de Gaulle est isolée dans le cachot du camp sur ordre d’un Himmler désireux d’en faire une monnaie d’échange. En avril 1945, la jeune femme est finalement remise à la frontière suisse, où son père, devenu Consul général de France, la recueille.

Après la guerre, elle fait la rencontre de Bernard Anthonioz, résistant et ami de Malraux. Elle l’épouse le 28 mai 1946. Elle consacrera le reste de sa vie aux victimes des atrocités nazies. Elle présidera en ce sens l’Association des déportées et internées de la Résistance (ADIR) et  mettra un point d’honneur à faire du devoir de mémoire une nécessité absolue. Elle témoignera sans relâche de la barbarie nazie lors du procès de Klauss Barbie en 1987.

Mais les engagements de Geneviève de Gaulle vont bien au-delà. En 1958, sur demande d’André Malraux, elle entre au gouvernement pour s’occuper de la recherche scientifique. En octobre, elle se rend dans le bidonville de Noisy-le-Grand et est frappée par des conditions de vie proches de celles qu’elle a connues à Ravensbrück. Cette visite est un électrochoc pour celle qui fera de la misère son deuxième combat. En 1964, Geneviève de Gaulle préside l’association Aide à Toute Détresse du père Joseph Wresinski jusqu’en 1998. En 1988, parallèlement à son activité associative, Geneviève de Gaulle rejoint le Conseil économique et social. Elle rédige en 1995 un rapport sur l’évaluation des politiques publiques pour la lutte contre la grande pauvreté. Elle n’hésitera pas à se servir du contexte politique particulier de 1997 pour parvenir à ses fins : le 28 juillet 1998, la loi relative à la lutte contre l’exclusion est votée.

Malade, Geneviève de Gaulle-Anthonioz décède le 14 février 2002 à Paris à l’âge de 81 ans. Elle était l’auteur de La traversée de la nuit (1998) et Les secrets de l’espérance (2001). Elle était titulaire de la Croix de Guerre et de la Médaille de la Résistance. Elle a été la première femme Grand Croix de La Légion d’honneur.

Par son courage sans borne, son engagement sans faille et sa force exemplaire, Geneviève de Gaulle incarne mieux que quiconque l’esprit de résistance : résistance contre l’humiliation faite à la France, contre les atrocités nazies mais aussi contre la pauvreté et l’exclusion. Cette femme d’action n’a eu de cesse de placer au cœur de son combat l’absolue nécessité d’une justice pour tous. Toute l’humanité est précieuseavait pour habitude de dire cette femme à l’engagement d’une qualité rare.


Lien vidéos :

  • sur les mal-logés en France : www.youtube.com un documentaire d’1h10 est consacré à son histoire et son engagement, Geneviève de Gaulle-Anthonioz ou l’engagement d’Alain Lasfargues (1998).

(Texte de Margaux MIGNARD)