Marek Edelman

Marek Edelman
1920 - 2009

Marek Edelman est un cardiologue, un homme politique et un des leaders du soulèvement du Ghetto de Varsovie en 1943. Il naît le 1er janvier 1919 à Homl dans l’actuelle Biélorussie, dans une famille juive acquise aux idées du parti socialiste juif Bund. Il est encore un enfant quand sa famille décide de partir pour Varsovie. Il dira plus tard que c’est dans cette ville qu’il recevra sa première gifle avec pour seul motif d’être juif.

Lorsqu’éclate la Seconde guerre mondiale, Marek Edelman a tout juste 20 ans. Le 12 octobre 1940, il se retrouve emprisonné aux côtés d’un demi-million de juifs dans ce qui deviendra le plus grand ghetto juif de la guerre, long de dix-huit kilomètres, le ghetto de Varsovie. Coursier dans un hôpital, Marek Edelman se consacre à la publication de revues clandestines du Bund. Dès l’été 1941, la famine et la maladie emportent par milliers les juifs les plus faibles. Les rafles vers le camp d’extermination de Treblinka commencent dès l’été 1942, de jour comme de nuit, et réduisent le nombre de juifs à seulement soixante-dix mille. Les survivants n’ont alors plus de doute sur leur destin. Révolté par cette déportation massive, Marek Edelman fonde, avec Mordechaï Anielewicz l’Organisation juive de combat en 1942.

Le 19 avril 1943, alors que les Allemands viennent détruire le ghetto, l’Union militaire juive, l’armée intérieure polonaise et l’Organisation juive de combat décident de se soulever dans un combat de la dernière chance. « On savait parfaitement qu’on ne pouvait en aucun cas gagner. Face à deux cent vingt garçons mal armés, il y avait une armée puissante » dira par la suite Marek Edelman. Les insurgés résistent pourtant pendant près d’un mois. Lorsque le commandant de l’insurrection, Mordechaï Anielewicz, pris au piège, se suicide, Edelman lui succède. Irrités par cette résistance inattendue, les Allemands décident de brûler le ghetto, maison par maison. Marek Edelman et les derniers combattants réussissent à fuir le ghetto en flammes par les égouts. Le feu aura eu raison de l’insurrection : la résistance est étouffée le 16 mai 1943 et seuls quarante insurgés survivent.

Marek Edelman poursuit son combat et rejoint la Résistance polonaise. En 1944, il participera au soulèvement de Varsovie qui se soldera par la mort de deux cent mille Varsoviens et la destruction totale de la ville par les nazis.

Après guerre, Marek Edelman entreprend des études de médecine et devient un cardiologue reconnu. Il quitte provisoirement la Pologne mais y revient dès 1946 malgré les nouveaux pogroms. Marié à Alina Margolis, pédiatre, il aura deux enfants, Aleksander né en 1953 et Ania cinq ans plus tard.

La campagne antisémite menée par le gouvernement communiste en réaction aux mouvements étudiants de 1968 pousse sa femme et ses enfants à s’exiler en France. Marek Edelman s’acharnera à rester fidèle à son pays.

Dans les années 1970 et 1980, il s’engage en politique et devient un opposant acharné au régime polonais. A la chute du communisme en 1989, Marek Edelman est élu sénateur sur les listes de Solidarité puis de l’Union démocratique. Il dénoncera jusqu’à sa mort le racisme et l’antisémitisme en Pologne et dans le monde entier. Son antisionisme viscéral ‒ chez moi, il n’y a de place ni pour un peuple élu, ni pour une terre promise disait-il ‒ le mettra au ban de la communauté juive. Israël refuse encore aujourd’hui d’inscrire son nom dans l’Histoire juive et ne veut retenir comme seul emblème du soulèvement du Ghetto le sioniste Mordechaï Anielewicz.

Marek Edelman s’est éteint le 3 octobre 2009, à l’âge de 90 ans. Il avait été fait commandeur de la Légion d’honneur en 2008.

Marek Edelman incarnait le premier et le plus admirable exemple de résistance juive armée contre le nazisme. Son nom évoque à lui seul les valeurs d’engagement, de liberté, de courage et de fraternité. Cet authentique héros qui se disait avant tout Polonais a lutté toute sa vie au profit de la liberté de l’homme et de la Pologne. Il reste de lui aujourd’hui l’image d’un éternel insoumis, d’un modèle d’intelligence et de morale.


Vidéo :

  • Sa remise de la légion d’honneur sur ina.fr : www.ina.fr
  • Sur le ghetto de Varsovie et l’insurrection : www.youtube.com

(Texte de Margaux MIGNARD)