René Cassin

René Cassin
1887-1976

René Cassin naît le 5 octobre 1887 à Bayonne dans une famille juive. Après de brillantes études de droit, il devient avocat au barreau de Paris en 1914. Mobilisé, il est grièvement blessé sur le front de la Marne. Invalide à 65%, il retourne à la vie civile dès 1917 et fonde l’Union fédérale des anciens combattants et victimes de guerre. Agrégé de droit en 1919, il préside en 1922 l’Union fédérale des mutilés et veuves de guerre et enseigne à la faculté de Lille. Il fait des victimes de la guerre et des anciens combattants son cheval de bataille. Il obtiendra de nombreuses avancées, à commencer par la création de la carte du combattant.

De 1924 à 1938, René Cassin rejoint la délégation française à la Société des Nations et milite pour la paix. En 1929, il préside le Conseil supérieur des pupilles de la nation. Opposant éclairé des accords de Munich de 1938, il dénonce à plusieurs reprises les dangers du III Reich.

À l’heure de l’armistice, René Cassin prend connaissance de l’appel du 18 juin et part aussitôt pour l’Angleterre. Son patriotisme sans borne, ses compétences et sa renommée font de son ralliement du 29 juin 1940 un atout remarquable pour de Gaulle. Il sera le juriste de la France libre, cette conscience républicaine capable de prouver l’inconstitutionnalité de l’armistice. Il est à l’origine de l’accord signé le 7 août 1940 avec Churchill qui officialise la reconnaissance de la France libre par le gouvernement britannique. Durant l’été 1940, il prépare la création du Conseil de Défense de l’Empire et en devient le secrétaire permanent. Responsable du service juridique de la France libre, il rédige les statuts de l’Ordre de la Libération créé le 17 novembre 1940.

En septembre 1941, alors qu’il multiplie ses interventions à la BBC, René Cassin est nommé Commissaire à la Justice et à l’Instruction publique du Comité national français. Son activité continue à Alger en août 1943 à la tête du Comité juridique de la France libre (qui fait office de Conseil d’État), à l’Assemblée consultative provisoire puis, à partir de mai 1944, à la Commission de législation et de réforme de l’État. Il validera au sein de cette dernière le contenu juridique des ordonnances sur la France libérée. Il est aussi, entre 1943 et 1945, le représentant français à la commission d’enquête sur les crimes de guerre.

A la Libération, René Cassin accède à la vice-présidence du Conseil d’État, fonction qu’il quittera en 1960 pour entrer au Conseil constitutionnel jusqu’en 1971. Entre temps, il préside en 1958 le Comité consultatif provisoire chargé de rédiger la Constitution de la Ve République.

S’il poursuit après-guerre une brillante carrière à l’échelle nationale, l’activité de René Cassin dépasse les frontières. En tant que représentant de la France dans la Commission des droits de l’Homme des Nations Unies, René Cassin est un des principaux artisans de la Déclaration universelle des droits de l’homme, aux côtés d’Eleanor Roosevelt. En 1959, il devient membre de la Cour européenne des droits de l’homme qu’il co-dirige (1959) puis préside (1965 à 1968).

Le 10 décembre 1968, vingt ans jour pour jour après la Déclaration universelle des droits de l’homme, consécration d’une longue et brillante carrière, René Cassin se voit attribuer le prix Nobel de la Paix.

René Cassin s’est éteint en 1976 à l’âge de 89 ans. Le 5 octobre 1987, jour du centième anniversaire de sa naissance, ses cendres sont transférées au Panthéon où il repose désormais aux côtés de Jean Moulin.

Il était l’auteur de deux ouvrages, La pensée et l’action (1972) et Les hommes partis de rien (1974). René Cassin était Grand Croix de la Légion d’Honneur, Croix de guerre 1914-1918 avec palme, Médaillé militaire, Médaillé de la Résistance avec rosette, Compagnon de la Libération, et  Commandeur des Palmes académiques.

Résistant de la première heure, celui que de Gaulle aimait appeler Monsieur le professeur a été l’homme des combats pour la paix. Humaniste, défenseur passionné et acharné des droits de l’homme, cet intellectuel brillant aura, mieux que quiconque, compris le lien indissoluble qui lie la paix et le droit : « Il n’y aura pas de paix sur cette planète tant que les droits de l’homme seront violés en quelque partie du monde que ce soit. ». Il avait pour moteur de vie la lutte contre toutes les formes d’injustice. Cet homme de doctrine n’a eu de cesse de placer au dessus de tout, même de la loi, les notions de morale et de justice.


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(Texte de Margaux MIGNARD)